Dégustation dans les locaux de la maison SOBOVI, le 21 juillet 2010.
Cette dégustation intervient près de trois mois après les dégustations en primeurs et il est évident que les vins bénéficiant de trois mois d’élevage supplémentaires, ils apparaissent différents de ceux dégustés fin mars. Cette dégustation est cependant fort intéressante.
MALARTIC-LAGRAVIERE : Il apparaît d’une couleur quasi opaque. Le nez est extrêmement délicat, la mûre domine et intègre bien le bois. Beaucoup de volume et de puissance, c’est sa marque en bouche. Les tanins sont très veloutés et parfaitement inclus. ***
HAUT-BAILLY : Lui aussi est de couleur presque opaque. Le nez est moins expressif que Malartic Lagravière. Il s »exprime moins sur la puissance. Les tanins sont très typique du cru, veloutés et sensuels. **
CHEVALIER : Il se rapproche de Malartic pour la puissance, avec un boisé qui apparaît un peu plus marqué. La bouche se signale par l’extrême équilibre de ses éléments. De type solaire, les tanins sont veloutés, d’un grain extrêmement fin. ***
LA MISSION HAUT-BRION : De couleur très dense, bien sûr. Le nez est d’une grande élégance, au-delà de la maturité de la matière. La bouche, serrée, conserve cette délicatesse des grands Bordeaux, des grands vins de Pessac. Tanins très fins. ***
LA LAGUNE : Couleur très dense. Le nez est de grande élégance, avec un boisé sensible. La bouche bien constituée, avec des tanins sensibles. **
TALBOT : Couleur très dense. Le nez met en avant le cassis. La bouche s’annonce comme un peu sévère, avec une grosse structure, mais des tanins moins élégants. *
BRANAIRE-DUCRU : D’une constitution serrée et délicate, avec de l’élégance, et des tanins très fins. De style plutôt classique somme toute. **
BEYCHEVELLE : Très dense. Le nez est dominé par un boisé plus « chaud » qui apporte des notes un peu lourdes, moins élégantes, de torréfaction. Bien construit et équilibré, mais pas très élégant. *
LEOVILLE-BARTON : Joli nez, élégant et fin. Me semble assez bien construit et équilibré mais semble un peu « tomber » en fin de bouche. *
PALMER : Couleur très dense. Le nez est très élégant, noble. Cette expression se retrouve en bouche, très classique, noble, se prolongeant longuement en des tanins de grande classe. ***
PICHON BARON LONGUEVILLE : Très dense, bien sûr. Le nez est marqué par quelques notes de torréfaction. Ce qui frappe, c’est la densité tannique qui s’accompagne d’une légère austérité. **
PICHON COMTESSE LALANDE : Il est dans son ensemble d’un style très différent de l’autre Pichon. Plus souple, plus rond, plus sensuel. Plus facile d’accès, a-t-il le même potentiel de garde ? **
MONTROSE : Toujours très dense. Il présente un nez très séduisant, très élégant, avec un fruit flamboyant. La bouche est superbement construite. Tanins, serrés, bien inclus. Un vin très complet. ***
COS D’ESTOURNEL : Couleur très dense. Le nez est plus classique que son voisin, sur les fruits noirs. La bouche s’exprime par une puissance extrême, une grande plénitude, des tanins très serrés. ***
VIEUX CHÂTEAU CERTAN : Beaucoup de couleur, bien sûr. Le nez est d’un superbe classicisme, d’une grande noblesse, sans facilité de boisé ou d’ « habillage ». La bouche est très bien construite, très droite. Les tanins sont stricts, mais la profondeur et l’équilibre lui assure le meilleur avenir. ***
LA CONSEILLANTE : Moins dense que les autres, il se caractérise par sa finesse. Elle repose sur une très belle structure, tout en finesse et s’achève sur des tanins soyeux. Comme toujours, La Conseillante est un peu à l’inverse de la mode, refusant la concentration, la maturité extrême, pour privilégier finesse, élégance, longueur en bouche. ***
L’EVANGILE : Très sombre avec des reflets violacés. Beaucoup de rondeur, de suavité, avec un fruité de fruits rouges et noirs. En bouche on trouve un velouté extrême. Tanins très travaillés, qui en font l’opposé de son voisin La Conseillante. C’est un vin plus accessible aux palais anglo-saxons et aplus moderne. **
HAUT-BRION : Couleur très dense. Le nez est extrêmement fin avec des nuances de fumée, de tabac blond. La bouche est très serrée, dense, avec des tanins de grande classe, un prolongement sans fin. Haut-Brion combine rarement cette puissance et cette élégance, sur ses sols si maigres. C’est un millésime d’anthologie. ***
MARGAUX : Tout aussi dense de couleur. Par rapport à Haut-Brion il propose moins de puissance, mais il est tout en délicatesse, avec une certaine onctuosité, et des tanins très suaves. ***
MOUTON-ROTHSCHILD : Grosse structure également. Il est plus direct dans son expression avec un fruit explosif et une structure un peu « brute ». Il est moins raffiné que les deux précédents Premiers. **
LAFITE-ROTHSCHILD : Très grande élégance, avec une suavité de tanins, un équilibre et une profondeur remarquables. Grand vin. ***
PAPE CLEMENT BLANC : Très sauvignonné, pamplemousse et clémentine tout particulièrement. Beaucoup de pureté pour un vin très direct. **
CHEVALIER BLANC : Beaucoup plus complexe et ample. Il est frappant de voir combien, depuis mars, le fossé s’est creusé avec Pape Clément. Chevalier a continué à se nourrir et à se complexifier. ***
HAUT-BRION BLANC : A la fois des agrumes très nets et un boisé très qualitatif, qui introduit des notes de pain grillé et de noisettes. Bouche ample, avec une grande verticalité. ***
Cette belle dégustation place le millésime au plus haut, dans un style plus solaire que 2005, et le rapproche de 2000 ou 1990. Plus que jamais dans le style des vins donné par la viniication Bordeaux se partage entre tentation de "goût international" et fidélité au classicisme.